Des rangées de livres en vrac aux bars militants où s’affirme le Paris pluriel, la capitale regorge de lieux où s’immiscent les revendications féministes – des places qui parfois s’avèrent en danger de mort. Voici cinq adresses pour éveiller un peu plus sa conscience.
La Librairie des femmes
Avec sa devanture sobre à la typographie ciselée, la Librairie des femmes ne provoque pas le regard. C’est pourtant bien vers l’hypothèse d’une évolution que tend cette boutique de la rue Jacob, réunissant en son sein une foisonnante sélection d’ouvrages exclusivement pensés et écrits par des femmes. A l’origine de ce projet éditorial, l’initiative d’Antoinette Fouque, icône défunte du Mouvement de libération des femmes. Ce lieu de célébration des singularités les plus inspirantes (Françoise Sagan, Nikki de Saint Phalle, Marguerite Duras) côtoie l’Espace des femmes, source d’expos, de rencontres et de questionnements des féminités.
- Librairie & Editions des femmes
- Antoinette Fouque
- 33 rue Jacob, 6e
La Mutinerie
Son blaze sent bon la remise en cause, l’indiscipline et l’irrévérence salvatrice. Mais c’est moins la contestation que l’ouverture à tous et à toutes que vise ce bar militant « par et pour des Meufs, Gouines, Trans’, Queer« . Lieu de rendez-vous de toutes les sexualités où s’immiscent aussi bien bibliothèque féministe que billard et karaoké, la Mutinerie est une festive place to be. Mais aujourd’hui, soumis à une ordonnance d’insonorisation nécessitant d’importants travaux, l’espace se voit menacé de mort. Une campagne de financement participatif a été lancée pour sauver l’essentiel QG de la rue Saint-Martin.
- La Mutinerie
- 176 – 178 rue Saint-Martin, 3e
Bibliothèque Marguerite Durand
Journaliste à contre-courant et syndicaliste acharnée, Marguerite Durand est de celles qui se sont battues pour les droits des femmes. C’est sur cette figure de lutte que reposent les piliers de l’unique bibliothèque féministe de l’Hexagone. Une mine d’archives où la condition féminine s’écrit en périodiques centenaires, en cartes postales et en lettres jaunies – surgissent dans les plis du papier les noms de Colette, Madame de Staël ou Louise Michel. Suite au mouvement de protestation qui a succédé à un redouté projet de déménagement, l’historique lieu municipal restera finalement tel quel. Au sein de cette maison des livres résistante, le silence est de mise. Comme pour paraphraser une autre Marguerite, l’immense Duras, qui disait : « Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit« .
- Bibliothèque Marguerite-Durand
- 79 rue Nationale, 13e
Combat
Bar à cocktails couronné d’un prix Fooding, Combat est dirigé par les taulières Margot, Elena et Elise. Trois féministes convaincues, et virtuoses du shaker. Œuvrant pour plus de mixité dans un microcosme de barmen, ces militantes ont pour ce faire investi un quartier en proie à la gentrification. Celui de Belleville. D’où cette dénomination belliqueuse qui nous rappelle que le « combat » pour plus d’égalité et de diversité sociale se fait aussi dans l’assiette et le verre. En une variété de saveurs acidulées et sucrées qui pétillent sur la langue.
- Bar à cocktail Combat
- 63 rue de Belleville, 19e